• Si tu veux tout savoir.

    Oui, je les connais les risques d'internet. Ne pas donner son nom, son adresse, des rendez-vous à des inconnus...Tellement de filles violées, tuées, frappées... Je le sais tout ça.


    Mais comment te dire que lui c'est différent. Que lui, je sais qu'il ne me fera pas de mal. Comment je peux lui faire confiance ? Je ne sais pas, mais je sais que je peux. Parce que c'est pas ce que tu crois, j'ai pas commencé à lui parler sur Facebook, ou Twitter. Je l'ai pas rencontré sur Meetic. J'ai pas chercher à le connaître.

     

    J'ai d'abord cherché un endroit, où personne ne me jugerait, ou il y aurait des gens comme moi. Comment ça comme moi ? Bah, des gens dont l'obsession c'est la bouffe. Des gens qui veulent maigrir, qui se font vomir, qui mangent jusqu'à exploser. Pas des gens rangés par catégories, avec des étiquettes. Un endroit où il y aurait pas, les gros, les obèses, les maigres, les minces, les anorexiques, les boulimiques, les pro-ana, les pro-mia, les dépressifs, les mutilateurs et les scarificateurs... Un endroit où il y aurait juste pas de mots, mais des gens qui souffrent, qui sont unis dans leurs douleurs et se soutiennent pour la surmonter. Un endroit où vraiment y a pas de jugements. Où tu peux te libérer, oublier tes peurs, ou ta maladie. Oublier que tu déteste ton corps peu importe comment il soit. Oublier, que tu veux mourir, et essayer de vivre...

     

    Un endroit comme ça, ça existe pas en vrai, parce que les gens se croient obligés de tous définir.

    «Non, non mais je te juge pas » Si, si, parce qu'à partir du moment où tu mets un mot sur une personne, tu la juges.

     

    Moi j'avais essayer d'en parler en vrai. A une psychologue, à ma mère, à mes professeurs, à mes amis, à un médecin, à n'importe qui. Mais personne ne t'écoute pour de vrai, ils se contentent de réfléchir aux mots qui te correspondent. Moi-même j'ai essayé de les employés ces mots... Boulimique, dépressive... Mais, maintenant, je veux plus les dire...Je veux les effacer de ma vie, de ma mémoire... Parce que leurs vraies définitions ne me conviennent pas tant que ça. Je ne suis rien de ça. Mais si tu considère que la souffrance est une maladie...alors je suis malade. Au final, la souffrance, on peut lui attribuer plusieurs définitions. On peut mettre plusieurs mots avec... Parmis ces mots, il y a mon prénom. Parce que moi j'ai mal. Partout, tout le temps. Je donne plein de raison pour l'expliquer, mais en vérité, ces raisons me paraissent stupides. Parce que mon problème, au fond, c'est pas la nourrriture, c'est moi. Tu peux me dire que je suis nulle, égoïste, méchante, ingrate, mythomane. Tu peux dire que je veux attirer l'attention, être aimé... Moi je te réponds que je suis malheureuse, je n'ai jamais menti, et si tu me crois pas c'est pas grave parce que moi je sais que ce que je dis c'est vrai. Tu veux pas croire à ma douleur... Moi je te dis qu'une fois que t'auras vécu la même, tu me croiras.

     

    En vrai, j'ai peur, j'ai mal...ce qui est vraiment dur à dire, c'est que je sais pas vraiment pourquoi.

     

    L'endroit que je voulais trouver, au final, je l'ai trouvé sur internet. Je suis allée sur ce forum, et j'ai commencé à parler de ce qui me ronge. J'ai trouvé des gens à qui parler, des gens à mon écoute... Des gens comme moi...Qui se disent qu'ils sont nuls alors qu'on a tous quelque chose de bien au fond de nous.

     

    C'est sur ce forum là, que je l'ai rencontré. Je sais qu'il a pas eu une enfance et une adolescence facile. Je pourrais même te dire que ça l'a traumatisé, qu'il a été profondément blessé, et qu'encore aujourd'hui, il n'a pas cicatrisé, et ses plaies sont à vif. Il a vécu pleins de choses : la maltraitance à l'école, une mère occupée, un père absent...Il a dormi dehors parfois le soir, il a essayé de nourrir sa famille. Il y a peu, il s'est fait plaqué par sa copine après 3 ans de couple et ça l'a un peu plus brisé. Tout cela il me l'a dit, alors certes je le connais pas en vrai, je peux pas lui faire totalement confiance mais moi je le crois. Qu'est ce que ça lui apporterait de me mentir ? De me faire du mal ? Lui, il connait la souffrance, il est malheureux. Comment je le sais ? Parce que ça se voit. Je l'ai vu que deux fois, mais je lui ai beaucoup parlé. Je sais que quelqu'un venant sur ce forum ne cherche pas à faire du mal au autre, parce que s'il vient sur ce forum c'est que lui-même est mal. Il faudrait vraiment être tordu...


    Oui, il est peut-être instable de trainer avec moi alors qu'il a 22 ans et moi 15. Moi, je te dirais qu'il est tout seul, et qu'il a été affaiblie par la douleur.

     

    Je n'ai pas la moindre preuve de ce que je dis, je dis même n'importe quoi. Mais j'ai envie de me faire confiance pour une fois. Parce que j'en ai connu des connards, et lui il n'en ai pas un. Je te le promets, je te le jure. Pour une fois, je me fais confiance et ma conscience me dit qu'il est honnête. Ça se voit dans ses messages, dans sa façon d'être.


    J'ai des points communs avec lui. Je m'entends bien avec lui. Je m'attaches à lui, parce qu'avec lui je me sens bien. Avec lui, j'arrive à oublier que j'ai mal au fond.

     

    Pour ce qu'il en est du sexe, je vais te dire une chose qu'il faudra que tu retiennes. J'aime être désirée, me sentir belle et aimée un peu de temps en temps et je ne ressens ça qu'avec le sexe. Je ne suis pas une fille facile, je ne fais pas ça avec n'importe qui. Je ne m'humilie pas devant les mecs, quand je parle de sexe ou que je fais l'amour c'est juste parce que j'en ai envie. Oui, je souffre d'un gros manque d'affection, et en vrai ça a peut-être à voir. Mais je ne suis pas stupide au fond. Je sais que c'est pas en couchant avec un mec qu'il va m'aimer. Je ne cherche pas à le retenir ni rien. Je n'attends rien, je ne demande rien. Je veux juste me sentir bien pendant quelque instant et oublier qu'en vrai je me trouve horrible. Moche et grosse et grasse. C'est débile comme argument, mais rien de ce que je dis, a un sens. Moi, c'est comme ça que je fonctionne. Tu ne vois pas le bien que ça m'apporte, mais moi je le ressens.

     

    Je sais pas quoi ajouter. Parce qu'en vrai de vrai de vrai, ma vie ne te regarde pas. Tu ne peux pas comprendre en vrai. Parce que tu n'es pas moi, et même moi des fois, mon raisonnnement m'échappe. Je sais que c'est dur de vivre, je sais que c'est dur d'avoir mon âge, je sais que je fais que de la merde et que je prends des risques. Mais moi, j'ai rien à perdre. S'il m'arrivait quelque chose, je doute sincèrement que les gens est de la peine. Même ma mère parce qu'elle a un peu tout foutu par terre avec lui surtout. Mes amis sont pas souvent là quand j'ai besoin d'eux. Les seuls sur qui je peux compter c'est ceux du forum. Je m'en fou des gens en fait. Je suis indifférente, ou du moins j'essaye de l'être. Mais en vrai, je pleurs souvent la nuit, quand je suis seule dans le noir.

     

    Ma mère, elle peut me prendre mon ordinateur. Mais ça va rien changé au vrai problème. Ça peut même empirer les choses. Parce que j'aurais plus de temps pour me concentrer sur mon corps.

     

    Moi, ce que je te promets, c'est que le regard des gens va changé, et je vais plus m'aimer. Ma souffrance va partir. Quand je ferais 45-50 kg. Je vais y arriver cette année. Je vais tout faire pour.

     

    C.

     

     

    ( dimanche 13 juillet 2014)

     

     


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