• J'ai quelque chose à dire. Une chose qui me tient à cœur, et que je ne suis pas vraiment sûre de pouvoir révéler.

    Dernièrement, je me suis rendue compte que je me trouve grosse. Pas tout mon corps, mais mon ventre du moins. Il y a des jours, où j'ai l'impression d'être vraiment lourde et ça me tue. Alors évidemment, je veux maigrir. Mais j'adore manger. Je manges quand je m'ennuie, quand je suis déprimée, quand, au contraire je suis très heureuse, pour fêter un évènement. Tout le temps, partout, on en parle autour de moi. La nourriture créait des embrouilles. Dans ma famille, quand ma mère n'a pas envie de déjeuner chez ma grand-mère. Avec mes amis, quand on a l'intention d'aller diner dans une pizzeria, pour un anniversaire. Au lycée, quand des copines mangent au self, d'autres chez elles, d'autre dans le parc avec un pique-nique de la cafétéria.

    On ne s'en rend pas compte, mais la bouffe, elle dirige toute notre vie. Nos parents gagnent de l'argent pour nous nourrir. La plupart des pubs qu'on voit à la télé parlent d'Auchant et de Carrefour, où les prix ont baissé sur les cacahuètes, et où les promotions pleuvent sur les gâteaux. Deux paquets de pailles d'or achetés, un paquet de paille d'or offert . Les scientifiques essayent de recréer des aliments à partir de petites particules, de molécules, de cellules, d'autres aliments. La gastronomie avec ces grands restaurants cinq étoiles. Les émissions à la télé, où on doit se mettre dans la peau d'un grand chef cuisinier, ou celle où on apprend à manger équilibré.

    On ne s'en rend pas compte, mais la bouffe, elle est là tout le temps autour de nous, à essayer de repérer nos faiblesses,pour nous forcer à nous perdre dans la gourmandise.

    Au collège,on s'est moqué de moi, de temps à autre. Deux garçons en particulier, disaient des trucs vraiments dégueulasse, du genre: "Si tu baisse avec un mec, tu l'étoufferas avec ta grosse chatte. Et si vous faites un 69 sur un matelas à eau, ce sera bien drôle!" J'ignorais et d'ailleurs,ces insultes me faisaient bien rire, tellement elles étaient stupides.

    Ce qui fait plus mal, c'est l'insulte crue, froide et directe qui te traite de "grosse". Dans ces moments là, on ne sait pas comment réagir, que dire. Un mélange de colère, de honte, qui te montent aux joues. Tu sens plus que jamais ta faiblesse, mais tu ne veux surtout pas lui montrer que les larmes viennent. Dans des moments comme celui là, tu sais bien que ça ne sert à rien, strictement à rien, de répliquer par une insulte. La personne qui te veut du mal, s'attend à ça, et ça ne lui fera ni chaud ni froid que tu la traite de pétasse. Ce jour là, j'avais essayer de calmer le feu ravageant qui me dévorait de l'intérieur. J'avais posé mes affaires avant de me tourner vers cette fille et de planter mon regard dans le sien, en disant.

    _ Peut-être que je suis grosse, mais toi, t'es une grosse conne! Après ça, on se sent bien, pendant un temps. Au début, tu te dis, "j'ai géré, bien envoyer"! Mais après réflexion, ça ne change rien du tout. Le mal est fait.

    Jusqu'à maintenant, ça ne m'avait jamais vraiment toucher. Je me disais que c'était tous des emmerdeurs, des abrutis. Mais vers la fin du mois de juin, ma mère s'est mis à me suggérer de faire des efforts et j'ai craquer. Un soir, comme ça, j'ai pleurer à chaudes larmes, toutes celles de mon corps, dans mon lit, dans le noir. Seule.

    Mes amies sont minces, elles ne pouvaient même pas me comprendre et de toute façon elles n'auraient pas pu m'aider.

    Les régimes, ça n'est pas ma tasse de thé, en plus. Je n'arrive jamais à me contrôler. Me priver. J'ai donc du chercher une autre solution.

    C'est dans ces eaux-là, que l'une de mes meilleures amies, m'a avoué son anorexie. Petite lumière qui explose dans mon cerveau. L'anorexie ne me servirait à rien. Cette amie, arrivait à se priver de nourriture, pas moi. Le plan c'était manger ce que je veux, me remplir si j'en ai envie, à condition de me vider ensuite. Comme ça, je ne grossissais pas. C'était dur, parce qu'au début, je n'y arrivais pas. Deux doigts au fond de la gorge, au dessus des WC, la bouillie chaude qui ressort du gosier, l'odeur répugnante, les doigts sales, les larmes qui coulent malgré toi. Mais on s'y habitue au bout d'un temps. Matin, midi et soir. Et au bout d'une semaine,c'était ma nouvelle habitude. Même s'il arrivait que je me fasses vomir, jusqu'à cracher du sang,avec tout ces inconvénients. Comme par exemple, celui que j'ai beaucoup changer. Étant ailleurs, repoussant mes amies, restant seule.

    La boulimie est devenue ma meilleure amie.


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